Un 11 novembre pour la Paix

La cérémonie de commémoration de l’Armistice du 11 novembre a eu lieu à Saint-Etienne-de-Boulogne. L’occasion pour le Maire de rappeler à l’assistance le carnage insensé qu’ont été les guerres du XXè siècle et qu’elles n’ont en rien préludé à la paix, que seule la construction européenne a su préserver sur notre continent.

Une trentaine de personnes assistaient à la commémoration avant de prendre part à la projection du film de Frédéric Rossif Mourir à Madrid. Ce documentaire sur le Guerre d’Espagne, qui éclatait il y a 80 ans en prélude à la Seconde Guerre Mondiale, a rappelé le poids des forces nationalistes et réactionnaires dans le déclenchement de la guerre civile, en refusant le verdict démocratique des urnes qui portait la République au pouvoir en Espagne.

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Allocution du Maire

Mesdames, Messieurs,

Nous sommes réunis ici en ce 11 novembre 2016 pour commémorer le retour temporaire de la paix en Europe à l’issue du Premier conflit Mondial.
Rappelons seulement qu’entre 1796 et 1815, ce sont les armées napoléoniennes qui déferlèrent sur l’Europe, alors que la France tentait d’asservir les états et les peuples voisins jusqu’en Russie, dans un projet impérial fou. Puis ce furent les guerres coloniales, en Afrique, en Asie, puis la Guerre de 1870. Il suffit de se souvenir qu’en 200 ans la France a quasiment été en guerre à un moment ou un autre contre tous les pays d’Europe.
Cette longue litanie couvre le XIXè siècle et culmine entre 1914 et 1918 dans un conflit d’une ampleur et d’une intensité jusqu’alors inégalées : la détermination à vaincre et les progrès techniques macabres, comme les enjeux de domination, débouchaient sur la Premier Guerre Mondial.

Que dire ? Qu’en dire ? Une sinistre et froide comptabilité rend déjà compte de toute son horreur, à l’énumération des 19 millions de morts civils et militaires, des 21 millions de blessés et des 12 millions de déplacés et exilés en Europe. N’oublions pas que chaque guerre de destruction massive entraine des exils d’hommes et de femmes qui veulent juste sauver leur vie et la vie des leurs, trouver un toit. Nos grands-parents fuyant les conflits en 14-18 comme entre 1936 et 1945 ont été accueillis, hébergés, aidés.

Préparés psychologiquement et culturellement au conflit, les poilus les tommies comme les feldgrau ont tenus des mois et des années durant, dans l’enfer, sans faillir, avec courage, détermination jusqu’à l’abnégation ultime. Les noms de ceux qui ne sont pas revenus figurent ici dans la pierre, auxquels il faut associer ceux qui sont revenus et dont la mémoire a été oubliée. Plus chanceux, ils n’ont pas démérité pour autant et sont restés marqués dans leurs chères et leur esprit à tout jamais eux-aussi.
Ces terribles années 1914-1918 doivent nous hanter, non par gout du morbide, non par simple commémoration nationale, mais pour nous interroger dans nos positions de citoyen, dans nos positions d’homme. Simplement.

Qui peut encore aujourd’hui trouver un sens et une gloire à un tel élan nihiliste ? Qui peut encore considérer nos voisins Allemand tels qu’ils étaient considérés en ce début de XXè siècle ?
C’est justement faute d’avoir accompli ce travail que la Paix retrouvée en ce 11 novembre 1918 ne fut qu’un leurre et que la mémoire fut confisquée à tous ceux qui crièrent alors « Plus jamais ça, c’était la der des der » !

La Guerre comme la Paix ne sont pas les fruits du hasard, ne sont pas les fruits de prédispositions des peuples à l’un ou l’autre. C’est le fruit de choix politiques, de choix économiques, diplomatiques, de choix éducatifs et philosophiques qui font qu’une société s’oriente vers la concorde et la paix, ou vers la guerre. C’est le fruit d’une volonté sans faille et d’un engagement sans relâche de la part des dirigeants du monde pour montrer par les faits que la Paix est possible.

L’Europe avait-elle compris cela en 1918 ? Pas le moins du monde. Au contraire, toute à l’arrogance des vainqueurs et à l’humiliation des vaincus moins de vingt ans après, il y a 80a sn cette année, la guerre d’Espagne éclatait. Cette répétition générale de la seconde guerre mondiale qui allait voir s’affronter les forces républicaines et fascistes sonnait comme la fin d’une courte période de répit, premier révélateur atroce de la montée des totalitarismes.

Faute d’avoir voulu, ou su, fonder le respect et la concorde entre les peuples, l’Europe sombrait à nouveau dans la guerre et le totalitarisme, insulte à la mémoire de ceux que nous honorons aujourd’hui.
Cette Europe, qui fut le continent le plus marqué par les guerres modernes, qui en fut le berceau et qui peut en revendiquer la sinistre paternité est aussi l’exemple que rien n’est inéluctable à condition que les hommes le veuillent et en fassent leur volonté supérieure.

À l’issue de ces décennies d’horreur, une génération qui a connu les deux guerres mondiales, qui y a participé, souffert, y a été blessée, emprisonnée, s’est levée pour mettre en place les cadres de coopération entre les peuples. Unissant leurs efforts pour transcender nos différences à l’échelle du continent, la réconciliation européenne a été leur but ultime dont rien ne les a fait dévier.

Ils nous ont légué une construction politique, l’Union européenne. Certains voudraient n’y voire qu’une technostructure, ou un espace économique de libre échange, critiquent tel ou tel aspect de son fonctionnement, promettant d’en sortir pour restaurer une prétendue souveraineté populaire nationale. Comme si le retour à la discorde des nations, aux frontières, aux exclusions, au repli sur soi pouvait être une voie d’avenir pour l’humanité. Jouant dangereusement d’une nostalgie nauséabonde et sans fondement, ceux-là mettent en péril la Paix en Europe et au final oublient le sacrifice de nos pères et grands-pères, tout en s’en réclamant pourtant.

Plus que jamais depuis des décennies, nous sommes confrontés aux défis de la Paix. Face à l’obscurantisme religieux, face à la misère humaine, à la désolation, à l’inconséquence de nos propres actions, ce n’est pas en jouant des sentiments xénophobes les plus bas, en jouant à exciter la haine de l’autre comme fonds de commerce politique, que la paix sera acquise.
S’il devait n’y avoir qu’une seule leçon à retenir de la Première Guerre Mondiale et de l’engagement de nos Poilus, c’est bien que la guerre ne construit pas la Paix.

Parfois passage hélas obligé pour faire cesser les hostilités, pour mettre un terme provisoire à la folie immédiate des hommes, elle n’est toutefois jamais la solution pour assurer une concorde durable entre les peuples et au sein des peuples eux-mêmes.

C’est à cette idée – que maudite soit la guerre et ceux qui l’ordonnent – que nous dédions la minute de silence que je vous demande d’observer en la mémoire de toutes les victimes de guerre.

Un 11 novembre pour la Paix

Les cérémonies du 11 novembre qui viennent de se dérouler à Saint-Etienne-de-Boulogne étaient placées sous le signe de la paix, appelée par le Maire dans son discours.

Devant une trentaine de personnes, dont ces citoyens Néerlandais et Britanniques, il a rappelé les horreurs de la guerre et l’inanité des combats insensés auxquels les poilus ont été soumis, propos souligné par des citations de lettres de soldats à leurs familles.

La cérémonie s’est poursuivie par la projection du film émouvant Joyeux Noël, relatant un épisode de fraternisation entre troupes Écossaises, Françaises et Allemandes à Noël 1914.
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 Lire l’allocution du Maire

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